Belle et ressemblante, la musique qui joue à sembler la poésie, tant le rythme et la mélodie sont les éléments mêmes de la matière poétique.
Ravel, Debussy, Hindemith et Poulenc ont en commun d’avoir posé cette matière dans leur creuset : extraire la musique des mots, en pénétrer les secrets prosodiques et imaginaires, faire entendre le dialogue intense qu’ils ont entretenu avec les poèmes. Voilà les opérations d’alchimistes auxquelles ces compositeurs nous incitent à l’écoute de leurs chansons.
Musique ou poésie ? Poésie ou musique ? Déjà le madrigal jouait avec ces frontières lorsque Monteverdi découvrait Pétrarque. Pour faire goûter le plaisir de ce jeu baroque, l’ensemble À bout de souffle a choisi de faire dire les poèmes de Charles d’Orléans, Rilke, Apollinaire et Éluard, avant de les chanter. Ainsi l’auditeur sera à la place du compositeur : à la frontière entre poésie et musique, moderne et ancien, création et réception, avec tout le sérieux et l’humour propres au jeu.
Texte passé par le programme de Belle et ressemblante, À bout de souffle, Église la Dalbade, Toulouse, 2008.