Sur le vif

Écriture poreuse celle qui commence comme un commentaire et come come come… la voilà toute envahie de l’imaginaire à l’oeuvre, de l’oeuvre commentée.

Nos chers déchets… et ce qu’il en reste

Le grand plateau d’exposition du MuCEM (Marseille) a accueilli en 2017 une exposition, Vies d’ordures, consacrée à l’économie des déchets en Méditerranée, avec un angle de présentation inédit, fondé sur des enquêtes ethnographiques réalisées en Turquie, en Albanie, en Égypte, en Italie, en  Tunisie, au Maroc ou dans le Sud-est de la France… 129.195 visiteurs s’y sont rendus. Le collectif Urbain, trop urbain a pris part à son élaboration, de 2015 à 2017, au sein de l’équipe de direction artistique et de scénographie.

 

À découvrir sur Urbain, trop urbain, et dans la même veine, des recensions de livre et d’expositions…

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Poulenc et la parole religieuse

© Jean-Yves Bonzon pour Francis Poulenc : Stabat mater / Gloria, À bout de souffle, 2016.

© Jean-Yves Bonzon pour Francis Poulenc : Stabat mater / Gloria, À bout de souffle, 2016.

Parole religieuse ou mots d’amour prennent toujours le risque d’osciller entre jubilations et tourments…  dès qu’ils rappellent la lourdeur des rituels qui font peser le temps. Ces risques, Poulenc les prend lorsqu’il compose ses oeuvres religieuses. Le déroulement liturgique est immuable : d’un côté le Stabat, une adresse mystique et lyrique à une mère lorsque meurt son fils, de l’autre le Gloria, la célébration de ce fils vivant encore dans les coeurs.

 

Mais les rituels, Poulenc s’en joue : la composition ravive les motets français du XVIIème siècle, les sonorités sont inédites voire dissonantes, et les choeurs, tour à tour empathiques ou impertinents, sont à l’image de ces anges qui, dans les fresques d’antan, tirent la langue, souvent !

 

« À bout de souffle », explorant le langage amoureux après Monteverdi et avant deux opéras baroques français, trouve en Poulenc une visitation de la musique ancienne, et l’incarnation d’une parole vive pour chanter la fragilité du temps présent qui rassemble.

 

Texte qui passera par le programme de Poulenc : Stabat mater / Gloria,  À bout de souffle, Halle aux grains, Toulouse, 2016 – inspiré par Jubiler ou les tourments de la parole religieuse, Bruno Latour, publié à La Découverte, 2013.

un homme au musée

 

Je veux remercier, ici devant vous aujourd’hui, l’anthropologie contemporaine de s’occuper enfin de l’homme moderne. C’est à me faire regretter ne pas être anthropologue moi-même et de n’avoir pas contribué à la documentation de cet objet omniprésent et surtout devenu omnipotent sur, dans et au-dessus de la terre. Le travail n’est pas terminé. Et je me réjouirais d’opérer l’un de ces retournements de représentation nécessaires aux tentatives de saisie de ce spécimen. Chacune d’elles exige encore des tours de force qu’on réalise avec peine. Déjouer le jeu des miroirs et des écrans. Suivre les réseaux des attachements, de l’électricité, du gaz, du pétrole et de l’eau. Oser les comparaisons entre ses modes de pensées, de cuisiner, de prier, de dépenser et de faire l’amour. Renoncer à la pensée universelle. Et plus difficile encore : sortir du jeu de pouvoir qu’impose la publication de ces connaissances. > Lire la suite

ÉPOQUES ET MÊMES COMBATS

 

Au XVIème comme au XXIème siècle, sur fond de guerres de religions, la présence des humains sur Terre change de signification. Non pas seulement parce que les paroles dites divines circulent par de nouveaux médias aux effets imprévus et à chaque fois cruels— l’imprimé ou l’Internet prolongés par le fer ou la kalach selon le siècle, mais aussi parce que les nouvelles connaissances sur le cosmos déplacent les perspectives et les possibles avenirs. > Lire la suite

Le Loup et l’Agneau

 

Le Loup, l’Agneau, la Planète, l’Homme et les négociations climatiques

La raison du plus fort est toujours la meilleure
Nous l’allons montrer tout à l’heure

On connait la fable : l’agneau s’abreuve, le loup cherche querelle, le faible se débat, et la bête cruelle finit tout, là. Simple comme de l’eau de roche, pure, onde pure. Méchant loup et gentil pauvre et petit agneau emporté au fond des bois. Sortez vos mouchoirs. Pleurez bambins, tremblez têtes blondes à la mèche ondulée. Ah que les loups sont méchants ! Ah que les agneaux sont gentils ! N’allez pas au bois d’Ormonde, non, n’allez pas au bois !

Là-bas s’y joue le combat toujours gagné de la Force contre la Loi. On vous aura prévenu. La raison du plus fort est toujours la meilleure. L’Agneau esquisse sa défense. Et cette belle logique ovine formulée par trois fois, mise à plat : – Plus de vingt pas au-dessous d’elle… et que par conséquent, en aucune façon… – Je tette encore ma mère. Et l’animal de bêler qu’il n’a pas de frère… L’Autre se fatigue de tant de galimatias… Sans autre forme de procès, Le Loup l’emporte, et puis le mange. Quelle tyrannie ! Quelle injustice ! Pauvre peuple de petits Agneaux mal défendus… fuyez le Loup ! fuyez le loup… ou domptez-le ! On ne peut plus laisser faire ! Non ! Armez la Loi etc. ! Là-dessus, René, Pascal et le siècle de Raison, et les Lumières, les lois fortes et coloniales, les zoos, les tribunaux internationaux… tout va bien ! À bas les loups ! Vivent les Agneaux !

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© zone claire 2015