Avec Didon et Énée, Purcell donne à l’opéra anglais une œuvre inégalée depuis le XVIIème siècle.
Dans une pure tradition baroque, l’intrigue mêle le noble et le comique, l’antique et l’anglais, le doux et le cruel. La reine carthaginoise, Didon, tombe éperdument amoureuse du héros troyen, fils de Vénus. Mais le destin d’Énée est ailleurs … En place des dieux c’est une enchanteresse qui fera tourner la roue de la fortune, accompagnée de sa flopée de sorcières et d’elfes ricanants.
Le spectateur est surpris par la variété des émotions qui se jouent sur scène. Mais la musique les transcende complètement et leur confère une intensité, une ampleur, une universalité grâce auxquelles, entre autres, le célèbre chant de mort de Didon traduit plus de souffrance, plus d’angoisse et plus d’amour que son simple personnage ne semblait devoir en recéler.
ACTE I
Au palais royal, les courtisans tentent de distraire la reine, visiblement tourmentée par une passion qu’elle ne saurait avouer. Belinda, sœur et confidente, devine pour qui brûle Didon, et chacun l’exhorte à succomber à son désir : la cour, la suivante et le prince troyen lui-même. Tous alors sortent du palais pour célébrer le triomphe de l’amour.
ACTE II, scène 1
À la vue de ce bonheur sur le point de s’accomplir, la terrible Enchanteresse déclare la perte de Didon avant la fin du jour. Elle convoque ses deux sorcières pour réaliser son fatal dessein. Le peuple des furies prépare un philtre de malheur : orage, tempête, trahison et mort sont en décoction.
ACTE II, scène 2
Pendant ce temps, la promenade des amants se poursuit et la nature elle-même semble se réjouir de cette union. Mais tout se gâte lorsqu’un orage éclate. L’Enchanteresse apparaît à Énée sous la forme du messager des dieux pour lui révéler son destin : il doit s’embarquer le soir même pour trouver les terres d’Italie, ordre de Jupiter.
ACTE III
Si les marins troyens se réjouissent de partir pour de nouvelles aventures, si au royaume du mal on se délecte de la réussite du maléfique complot, au palais le ton est autrement tragique. Didon accuse le coup du sort. Et lorsque Énée tente d’expliquer les raisons de son départ, la colère de l’amante trahie prend les accents de la passion elle-même et renvoie le héros à son destin. En place de l’amour, c’est la mort qui s’empare de la reine.
Texte passé par le programme de Didon et Énée, À bout de souffle, Théâtre Jules-Julien, Toulouse, 2007.