Ouverture en doubles croches ascendantes aux trompettes. Amour. Cet homme est à sa voix ce que cette femme aux fleurs sauvages. Mariage. Elle prend les choses par la racine et se dérobe. Sa quête à lui pour fléchir à l’aide d’instruments les forces contraires et la ramener en surface. Accord bancal dans les tréfonds. Ça dissone. Il échoue à lui parler sans la regarder. Mille fins imaginées. Dont deux par Monteverdi : le pouvoir de la beauté mesurée élève le héros en pleine lumière, où il la retrouve, elle, mais pas elle, en simulacre. Ou bien. Les prêtresses de la puissance folle le disséminent pour toujours en fleurs sauvages, en roches sauvages, en écume dans l’océan sauvage, en tempêtes vives dans les méandres sauvages des vents sauvages et l’opéra s’ouvre enfin sur le ciel et la terre— version qui n’a plus de partition pour être jouée ni chantée. Restent les mystères sur les murs silencieux de Pompéi.
Ici l’air est tellement chargé d’eau que les sons s’y propagent par des résonances inouïes ailleurs et que le monde, par effet de loupe, semble plus proche. Zoom on Louisiana. Récits d’enfance, blues et rêves d’Indiens disent en fond sonore le fleuve changeant, ce qu’il charrie de sédiments humains, non-humains, inhumains, et l’oubli des fleurs sauvages. Bien après la noce, ne restent que les côtes de la terre esclave des exploitations d’où le limon se dérobe. Cuts de quête instrumentée pour réparer, retrouver, ramener, affermir, élever, rétablir. Accord bancal dans les tréfonds. Ça dissone et le simulacre en laisse trop dans l’ombre. Faire sentir le contrechamp. Parler sans la regarder au-delà des mesures à prendre. Invoquer quelque existant du bayou le long des digues silencieuses. Mystères du monde qui vient à nous.
Texte prenant place dans le Tiers livre de François Bon, à l’occasion de l’atelier d’été, 7 bis | compression, transfert